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Exemples d'énergies citoyennes et rurales
Chateau-du-Loir
Le Repaire des Conteurs Amateurs
Oyez! Oyez!
Le Repaire des Conteurs Amateurs de la Sarthe demande le prêt grâcieux d'une salle au Mans ou dans une petite commune située au nord du Mans afin qu'il puisse, créer, inventer, collecter, pourparler, patoiser chanter de nouveaux contes et venir présenter des spectacles de villages en villages, de places en jardins, de lavoirs en forêt...
Ecoutez donc la demande de Christelle....
Mais qui sont-ils?
Christelle, peux-tu nous présenter ton association? Ce que vous y faites et quels sont vos nouveaux besoins pour continuer à la faire vivre ?
Nous étions regroupés sous l'intitulé « Repaire des Conteurs amateurs » à Brette-les-Pins qui nous avait gracieusement prêté des locaux. Faute de moyens le Repaire des Conteurs a fermé.
Actuellement nous sommes neuf et on aimerait trouver un nouveau local qu'on accepterait de nous laisser gracieusement à disposition afin que nous puissions reconstituer une association.
Le nom est encore à inventer, il se définira en fonction du lieu je pense.
Nous souhaitons reprendre nos activités à savoir: du conte individuel et aussi en collectif.
Dans quel secteur recherchez -vous un local?
On est assez dispersés, certains habitent Le Mans, d'autres vers Parigné l'Evêque, Bonnetable... Dans l'absolu, il faudrait un lieu à peu près à équidistance de tout ce petit monde mais nous sommes prêt, pour certains, à faire une heure de route pour qu'on puisse se réunir.
Le Nord-Sarthe pourrait convenir aux 3/4 d'entre nous.
Mais qu'est-ce qu'ils racontent?
Qu'est ce que tu entends par conteurs amateurs?
Est-ce que ce sont des reprises de contes? Des improvisations? Des créations?
Nous sommes des conteurs passionnés mais non professionnels.
Auparavant nous étions attachés par ce Repaire au festival qui s'appelait « Mots d'hiver », des contes en milieu rural où on avait la partie amateur et un professionnel nous guidait pour créer un spectacle à l'issue du festival.
Il se déroulait de mi-septembre à mi-novembre et il était destiné à des conteurs professionnels qui se déplaçaient dans des petits villages, là où ils ne vont pas d'une façon générale. Ils vont souvent dans les grandes villes.
Nous proposions un spectacle à neuf sur un thème donné et pré-défini.
On se réunissait à peu près une fois par mois et on échangeait des contes que l'on écrivait. On les mettait en bouche. On les proposait entre nous pour avoir un œil critique.
On faisait du recueil (du collectage), de la création et on reprenait aussi des contes traditionnels qu'on essayait de modifier à notre sauce et qu'on présentait entre nous pour voir si c'était validé ou pas.
On pouvait œuvrer seul, mais le but était vraiment de se réunir et de créer une dynamique ensemble, éventuellement de partager un thème et de le proposer gracieusement, car à chaque fois c'était au chapeau.
On a participé au festival Cours et Jardins, aux journées du patrimoine... On allait dans des lieux un peu insolites: des lavoirs, des cimetières...
Notre cheval de bataille n'est pas de cibler les grandes villes mais au contraire les petits villages, on est friand de ça. On a beaucoup travaillé avec Jupilles, avec Carnuta et la forêt de Bercé où on a fait des randos contes.
On raconte pour les grands et les petits, il n'y a pas d'âge, in utero jusqu'à 99 ans et plus. Le format de nos contes peut varier entre trois et dix minutes. On essaie d'avoir un format d'une heure lorsque nous sommes neuf.
Et les contes en patois dans tout ça?
Ça c'est plus personnel. Depuis quelques années, j'avais envie de revenir sur mes origines paternelles et mon grand-père patoisait.
Je suis aussi à la recherche de collecter des histoires de vie, des contes traditionnels en patois sarthois pour pouvoir les restituer et surtout pour pouvoir pérenniser cette langue.
Je me suis aussi orientée vers une autre association qui s'appelle « Heulâ! » Elle fait la promotion du parler mainiot (du Maine), pas forcément que du parler de la Sarthe.
Elle est présidée par Serge Bertin, un ethnologue et historien assez connu sur Le Mans.
On est en train de préparer Les Heulâpiades. Là encore, on ne recherche pas de scène mais des lieux pour éventuellement nous promouvoir.
C'est quoi les Heulâpiades?
Je ne peux pas encore le dévoiler car nous sommes encore dans la conception, mais ce qu'on veut c'est que ça soit ludique pour que les gens puissent participer.
On ne veut pas tomber dans le folklore mais que les gens entendent que c'est vraiment une langue à part entière comme le breton, l'alsacien...
Tu te sens enracinée à ton territoire?
Complètement. C'est hyper important pour moi et plus j'avance dans l'âge, plus ça l'est.
C'est quelque chose qui est devenu presque essentiel chez moi de ne jamais perdre ses racines, de ne jamais perdre ce que nos aïeux ont mis en place. Pérenniser ce qui doit être pérennisé. C'est un patrimoine tellement riche qu'il faut en prendre soin et en prendre soin, c'est aussi prendre soin de la langue dans laquelle on a été baigné.
Pour moi ça passe par l'oralité. Pas seulement mais c'est une première branche…
C'est une branche ou c'est une racine?
C'est une branche et c'est une racine, parce que si on nourrie la racine, l'arbre pourra continuer de grandir et de vivre. C'est ce qu'on souhaite de tout cœur. Transmettre et de manière transgénérationnelle.
Parmi les neuf qui constituaient le regroupement ancien, cinq personnes ont leur association autour de la promotion du conte ou de l'oralité.
Et qu'est-ce qu'ils nous transmettent?
Oui et même si vous travaillez le conte chacun de votre côté, il y a toujours ce besoin de faire du lien…
Exactement, on a un passé qu'on ne veut pas oublier. Nous sommes aussi quatre à venir d'une autre association qui s'appelait les Allumés. Elle était orchestrée par Jérôme Aubineau, qui est devenu un conteur professionnel.
On avait des idées un peu folles comme retaper un vieux car pour aller de villages en villages « Oyez, oyez ! » la bonne parole et avoir ce contact avec les gens. On leur proposait trois quart d’heure de contes juste comme ça sur la place du village, de façon très inattendue.
On souhaiterait le refaire en associant ce qui sont arrivés un peu après dans le Repaire des Conteurs. C'est vraiment cette dynamique là qu'on aimerait recréer et proposer à ceux qui ne l'ont pas vécu. On est prêt à faire des kilomètres du moment qu'on ait un lieu.
On ne veut pas que ça soit chez des personnes. On cherche vraiment un lieu de création qui soit neutre pour s'y sentir vraiment bien tous ensemble, qu'il soit commun à chacun d'entre nous.
Le commun c'est important pour la création?
Oui c'est important pour nous cette neutralité, ensemble et dans un lieu commun. C'est important pour la création de se détacher de chez qui on se regroupe et de tout ce côté organisationnel.
Quand on va créer un spectacle, on va d'abord s'imprégner des lieux, on a vraiment besoin du cadre. Il faut qu'on se l'approprie, qu'on sente, qu'on vive la chose. On est convaincu que s'imprégner d’un lieu : du cimetière, de la forêt... etc nous donne des idées. Le fait de s'inspirer de cette nature est transposable après n'importe où.
Si on veut conter quelque chose autour du lavoir, le faire près d'un lavoir change tout pour nous. Notre décor est déjà planté.
Vous contez en journée ou en nocturne? Comment vous travaillez avec les lumières?
On a déjà conté la nuit, les contes Halloween par exemple, ou les contes au clair de lune autour des loups, à la torche ou au feu de bois. Ça met une ambiance. Ces spectacles là ont super bien marché.
On l'a fait en forêt, et même autour d'un cimetière pour les contes horrifiques.
Le décor est planté et on se déplace par exemple entre chien et loup d'une église, vers un manoir puis vers un cimetière.
A la fête de la Saint Jean on a fait la nuit du conte avec la guitare, autour du feu. C’est quelque chose de très simple et en même temps de très authentique. Ce sont tous les ingrédients que nous aimons.
On fuit les grandes villes, les beaux décors avec des belles tables. Nous, une table quatre chaises qu'on trouve au bistrot du coin ça nous va et on fait le décor avec ça.
On ne se déguise pas. On veut vraiment laisser la place aux imaginations. On propose la parole et les gens se font leur propre décor. On va amener des ingrédients qui vont être des détails, par exemple: "C'était un homme qui était habillé comme ça, près d'un manoir qui était comme ça...". Il y aura autant de décors qu'il y a de personnes et c'est chouette. Il faut laisser cette place à l'imaginaire.
Il y a du rire?
Oui énormément. Même autour des contes horrifiques, près du cimetière, il n'y avait que des rires parce qu'on y met une pointe d'humour. C’est le rire de la peur, même pour nous. On s'est vu entrer dans le cimetière de nuit et on n'était pas fière. Ça me faisait bizarre, mais derrière c'est aussi défier la peur, comme les enfants qui vont rire jaune mais qui vont continuer à vouloir écouter l'histoire parce que c'est trop bien.
Quand on conte on a tous le même âge. On se retrouve dans l'enfance, on ne se prend pas la tête et on vit l'instant comme il doit être vécu, point final.
Ce qui est important pour nous c'est de partager la spontanéité, l'authenticité et la gaîté. L'humeur du moment.
Des contes génèrent aussi des émotions qui peuvent être des larmes mais toujours avec respect du public. En fonction de leur histoire, certains vont rirent, d'autres vont pleurer, d'autres peuvent ressentir de la colère mais au final peu importe, ça nous réunis toujours.
Et on adore le côté très intimiste parce que ce qui compte c'est de pouvoir converser après avec le public.
Le Repaire des Conteurs Amateurs
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